GIUSEPPE CAPOGROSSI

En 1927, Capogrossi effectue le premier d'une longue série de voyages à Paris, où il est profondément influencé par des artistes tels que Pablo Picasso, Amedeo Modigliani et Pierre-Auguste Renoir. Dans ce contexte cosmopolite, il élabore une peinture figurative et tonale, avec des références à l'art classique italien, et entame un parcours qui l'inscrit dans le circuit artistique international. Sa première exposition a lieu la même année à Rome, suivie de la participation à la XXVIIe Biennale de Venise en 1930.
En 1932, avec Corrado Cagli, Emanuele Cavalli et Eloisa Michelucci, il expose à la Galleria Roma, s'affirmant comme l'un des principaux représentants de la École Romaine. Le critique Waldemar George forge pour ce groupe le terme "École de Rome". L'année suivante, il participe à la célèbre exposition parisienne à la Galleria Bonjean. C'est à cette période que Capogrossi signe le "Manifeste du Primordialisme Plastique", marquant un moment fondamental dans la réflexion théorique sur l'art figuratif.
Durant les années Trente et Quarante, Capogrossi développe un langage de plus en plus personnel. Sa peinture s'anime chromatiquement, avec des rouges, violets et oranges intenses, et son coup de pinceau devient de plus en plus dynamique. À partir de 1947, après une brève phase d'expérimentation cubiste, il abandonne progressivement la figuration pour s'approcher d'un langage abstrait rigoureux et innovant. En 1950, il est parmi les fondateurs du Groupe Origine, avec Mario Ballocco, Alberto Burri et Ettore Colla, avec qui il partage une vision de l'art pur, éloignée de toute rhétorique.
À partir de ce moment, le peintre Capogrossi construit son propre alphabet visuel basé sur une forme-signe récurrente, qu'il module en d'infinies variations pour structurer l'espace du tableau. Cette recherche abstraite est exposée pour la première fois dans une exposition épocale en 1950 à la Galleria del Secolo à Rome. Suivent des collaborations avec Carlo Cardazzo, grâce auxquelles les oeuvres de Capogrossi commencent à circuler de manière systématique aussi hors d'Italie.
Au cours de sa carrière, Capogrossi participe à de nombreuses expositions internationales : Documenta à Kassel, Biennale de Venise (où en 1962 il reçoit le prix de peinture), Biennale de São Paulo, et en 1951 il est le seul artiste italien invité à l'exposition “Véhémences Confrontées” à Paris. Ses tableaux entrent dans les collections de musées de premier plan, comme la Fondation Guggenheim de New York et la Collection Peggy Guggenheim de Venise.
Outre son rôle d'expérimentateur infatigable, Giuseppe Capogrossi a également une importante carrière d'enseignant : il enseigne le dessin de figure au Lycée Artistique de Rome de 1940 à 1966, puis occupe la chaire de Décoration à l'Académie des Beaux-Arts de Naples jusqu'en 1970. Il meurt à Rome le 9 octobre 1972. Pour conserver et diffuser son héritage, la Fondation Archives Capogrossi est créée, conservant un très vaste patrimoine documentaire et bibliographique.

GIUSEPPE CAPOGROSSI OEUVRES

Avant d'aborder la peinture abstraite, Giuseppe Capogrossi traverse une longue et intense période figurative qui s'avère fondamentale pour comprendre l'évolution de son langage visuel. Les oeuvres de Capogrossi de cette période (1927–1949) se distinguent par une simplification formelle, une vibrante enquête chromatique et un fort intérêt pour la figure humaine.
L'un des aspects les plus intéressants du peintre figuratif Capogrossi est son attention à la figure féminine. Des oeuvres comme “Figure au repos” et ses célèbres “Danseuses” montrent déjà une tension vers l'abstraction, avec des volumes simplifiés et des compositions équilibrées, où l'on devine la future transformation de son langage.
Parallèlement, Capogrossi affine une palette riche et vibrante, avec des tons vifs qui confèrent une force expressive à ses toiles. Ses influences vont de Cézanne aux maîtres français du XXe siècle, mais filtrées à travers une sensibilité toute italienne. Ces travaux figuratifs, aujourd'hui moins connus du grand public, sont cependant fondamentaux pour comprendre la profondeur et la cohérence de la recherche artistique de Giuseppe Capogrossi.
À partir des années Quarante, ses tableaux montrent une réduction progressive de la donnée visuelle, dans un passage graduel vers des formes synthétiques et des signes essentiels, qui préfigurent l'invention de son célèbre “signe abstrait”, un module répété et varié qui représentera le cœur de son oeuvre mature.

GIUSEPPE CAPOGROSSI COTATIONS

Dans le panorama de l'art moderne italien, les cotations de Capogrossi restent élevées et stables, tant pour ses travaux figuratifs que pour les oeuvres abstraites. Les tableaux de Giuseppe Capogrossi appartenant à la phase abstraite, surtout ceux de la série “Surface” (commencée vers 1949), sont parmi les plus demandés sur le marché international, avec des résultats aux enchères dépassant fréquemment plusieurs centaines de milliers d'euros.
Les oeuvres de la période figurative, bien que moins connues, connaissent également une redécouverte critique et commerciale, grâce à des expositions rétrospectives et à la valorisation opérée par la Fondation Archives Capogrossi. En particulier, les peintures représentant des figures féminines ou des scènes intimistes liées à l'École Romaine suscitent un nouvel intérêt parmi les collectionneurs et galeristes.
Les tableaux de Capogrossi sont présents dans d'importantes collections publiques et privées à travers le monde, et la reconnaissance de sa contribution à l'art informel le place aux côtés de géants comme Lucio Fontana et Alberto Burri. La tendance positive des cotations de Capogrossi reflète l'importance de l'artiste dans l'histoire de l'art italien du XXe siècle, ainsi que la cohérence et l'originalité de sa recherche artistique.
Giuseppe Capogrossi n'est pas seulement l'un des protagonistes de l'art abstrait en Italie, mais aussi un maître qui a su conjuguer rigueur formelle et liberté expressive dans un parcours artistique cohérent, profond et aujourd'hui plus actuel que jamais.